Espèces emblématiques de Savoie
La faune, les habitants de ces lieux
Informations du Parc National de la Vanoise
La richesse de la faune du Parc national de la Vanoise est incontestable. Des grands ongulés aux oiseaux, des insectes aux amphibiens : un rapide aperçu de quelques animaux peuplant le Parc.
ous pouvons apercevoir, entre autres :
Des herbivores (cerf, chevreuil, chamois et bouquetin...ils sont tous bien présents en Vanoise), des rongeurs (le lièvre variable qui change de livrée au cours des saisons, la marmotte établie en majorité dans les vastes pelouses alpines, différents campagnols dont le campagnol des neiges, le mulot à collier), des carnivores (le renard, le blaireau, la martre, la fouine, l'hermine), des chauves-souris (la pipistrelle commune, l'oreillard septentrional) et des insectivores comme la musaraigne aquatique.
Parmi les 125 espèches d'oiseaux nichant en Vanoise, on rencontre : l'aigle royal, le bec croisé, le cassenoix, la chouette de Tengmalm, le gobemouche noir, le hibou grand duc, le merle de roche, le moineau soulcie, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, le lagopède alpin, le pic noir, le pic tridactyle (observé en France seulement en Savoie et en Haute Savoie) et le tichodrome.

La grenouille rousse
La seule espèce de grenouille présente en Vanoise en altitude est la grenouille rousse, Elle s'observe régulièrement jusque vers 2 500 mètres.
Malgré son nom, sa coloration est très variable : rousse certes, mais aussi brune, grise, jaunâtre et plus ou moins maculée de brun foncé.
Elle fréquente assidûment les marais mais, comme la plupart des grenouilles et autres crapauds, elle ne vit dans l'eau que pendant la période de reproduction. Celle-ci ne débute qu'en avril ou mai en altitude, alors qu'en plaine des pontes peuvent s'observer dès le mois de janvier.
Les têtards, parfois plusieurs milliers dans une petite mare, ont besoin de deux ou trois années en haute altitude pour achever leur métamorphose compte tenu de la courte saison d'activité de ces animaux en montagne. Le lac de la Plagne est un des sites remarquables de reproduction de cet amphibien en haute Tarentaise.

La marmotte
Reconnue par son cri strident, parfois même aux abords des sentiers, la marmotte a fait de la Vanoise l'une de ses terres de prédilection.
Elle occupe toutes les zones favorables : pentes herbeuses, ensoleillées et parsemées de rochers, et particulièrement les alpages situés entre 1800 et 2700 mètres.
Son champ de vision de 300 degrés et ses yeux orientés vers le haut l'aident à se protéger des prédateurs, en particulier de l'aigle.
Absente des forêts, elle vit en groupes familiaux autour des terriers dont elle ne s'éloigne guère. Elle passe six mois d'hiver en hibernation, d'octobre à avril.
Les marmottons, trois ou quatre par portée, naissent en mai et ne sortent qu'au début du mois de juillet.

Le Bouquetin
Aussi appellé Ibex
Il y a 100 000 ans, le bouquetin vivait dans toutes les régions rocheuses d'Europe centrale.
Il fut la source d'inspiration d'artistes du néolithique qui le peignirent dans de nombreuses grottes (Lascaux...). Malheureusement, la chasse a conduit l'espèce à sa quasi extermination.
Grâce à l'émergence des idées de protection de la nature en Europe, le bouquetin a pu être sauvé.
La création du Parc national italien du Gran Paradiso en 1922 lui offre une première protection qui sera étendue en 1963 par la création du Parc national de la Vanoise, dont il devient l'emblème.
Actuellement, le Parc national de la Vanoise abrite la plus grande population de bouquetins en France, soit environ 1800 individus.
Il est relativement facile de différencier le mâle de la femelle grâce à ses cornes massives et à son gabarit, beaucoup plus important chez le mâle qui peut dépasser 80 kg.

Le chamois
Aussi appellé Isard
Son territoire était à l'origine forestier mais l'homme l'ayant repoussé en altitude, le chamois se trouve aujourd'hui confiné en montagne.
Il vit en "hardes" mais les sexes restent séparés en dehors de la période du rut.
On retrouve ainsi dans les hardes de femelles :
-les femelles adultes accompagnées de leur cabri
-les éterles (femelles d'un an)
-les éterlous (mâles d'un an).
Le pelage du chamois est gris-beige en été, sa tête est barrée d'une bande foncée et son sabot est adapté à la neige dure, si bien qu'il n'est pas rare de l'apercevoir sur les névés.
L'hiver constitue pour le chamois une saison difficile, la nourriture se fait rare et il doit puiser dans ses réserves de graisse qu'il a accumulées durant l'été.
Au printemps, il se rencontre dans des zones basses où il recherche l'herbe nouvelle. Il migre ensuite en altitude, suivant la pousse de la végétation. C'est également au printemps (mai) que la femelle s'isole afin de mettre au monde son cabri.

Lagopède alpin
En hiver, il est blanc comme neige... En été, il est gris-brun.
Au-delà de 2000 mètres, sur les pelouses rases d'altitude, landes, combes à neige et pentes rocheuses, se cache le lagopède alpin ou "perdrix des neiges". Il se nourrit essentiellement de saules nains et doit son originalité à la mue saisonnière de son plumage.
Dans les deux cas, cela lui permet de se confondre avec son environnement.
Il n'est donc pas rare de passer à proximité de cet oiseau sans même le remarquer, d'autant plus que la femelle reste immobile durant ses couvées.
Le lagopède alpin est une relique des dernières grandes glaciations. Lors du recul des glaciers, il a choisi de migrer en altitude plutôt que de se retirer vers le nord, afin de retrouver un climat qui lui soit favorable.
Le déclin de cette espèce, pourrait être dû en partie au réchauffement climatique.
Le lagopède est également très sensible au dérangement des couvées par les promeneurs hors des sentiers, les skieurs, les chiens et les troupeaux.

Tétra Lyre
ou "petit coq de bruyère"
espèce relique des époques glaciaires qui occupe la limite supérieure des forêts de montagne.
Il trouve sa nourriture dans les landes à myrtilles, les pelouses, les fourrés d'arcosses (aulnes verts )...
Ce "fouillis végétal" est indispensable à sa survie.
Malheureusement, ses effectifs sont en régression en Vanoise, principalement du fait des aménagements touristiques.
Le mâle est reconnaissable à sa couleur noire bleutée et sa queue en lyre, tandis que le plumage de la femelle est d'un brun terne qui lui permet de se camoufler et de couver en sécurité.
Sédentaire et farouche, le tétras-lyre est célèbre pour ses parades nuptiales "gestuelles", pendant lesquelles les mâles s'affrontent et se défient à travers des chants.
La flore, quelques espèces emblématiques et essentielles

Chardon Bleu
Le Chardon bleu ou Panicaut des Alpes est connu sur une grande partie de l'arc alpin, et même dans les massifs du Jura et des Dinarides, mais dans un petit nombre de localités. En France, il est répertorié dans tous les départements alpins à l'exception des Alpes-Maritimes. Il est recensé dans une quarantaine de site en Savoie. Les plus belles populations françaises se situe à Pralognan-la-Vanoise et dans le Parc national des Écrins.
Plante des étages montagnard et subalpin, le Panicaut des Alpes pousse en Vanoise de 1400 à 2200 mètres, dans des prairies à hautes herbes, des couloirs d'avalanches en situation naturelle et dans des secteurs exploités par l'agriculture. Il prospère dans des ambiances fraîches et les sols riches, avec un bon ensoleillement.
C'est une ombellifère déguisée en chardon ! Il mesure jusqu'à un mètre de hauteur et peut posséder plusieurs tiges fleuries. Largement reconnaissable pendant la floraison par la grosse inflorescence que forme ses quelques 250 petites fleurs blanchâtres. Cette inflorescence est entourée d'étroites bractées épineuses de couleur métallique.
Au stade végétatif, il est reconnaissable par ses feuilles en forme en cœur, d'un vert net et brillant.
Cette plante est intégralement protégée. Autrefois, la cueillette abusive a grandement menacé l'espèce et c'est aujourd'hui le changement des pratiques agricoles qui la menace : d'une part l'abandon de certaines parcelles qui entraîne un reboisement et d'autre part le pâturage précoce d'autres parcelles qui empêche aux Eryngium alpinum de se développer.
En Vanoise, comme dans les Écrins, de nombreuses actions de préservation et de recherche, mises en place notamment dans le cadre du programme Natura 2000, laissent espérer un avenir florissant pour cette espèce symbolique et rare de la flore alpine.

Saxifrage fausse mousse (Saxifraga muscoides All.)
(Saxifraga muscoides All.)
La distribution de cette saxifrage est limitée aux Alpes suisses, italiennes, autrichiennes et françaises. En France, sa présence se limite à trois départements : Hautes-Alpes, Savoie et Haute-Savoie. Elle est déjà signalée au mont Cenis au XVIIIe siècle. Les recherches effectuées sur le terrain par les agents du Parc ont permis de localiser la Saxifrage fausse mousse sur vingt-trois communes de Vanoise, avec localement d'importantes populations comme à Val-d'Isère et Bonneval-sur-Arc.
Cette plante se plaît sur les moraines, les éboulis et les rochers, uniquement à l'étage alpin et même parfois jusqu'à plus de 3000 m d'altitude. Les plus importantes populations de Vanoise s'observent sur des éboulis de calcschistes.
La Saxifrage fausse mousse pousse en coussinets denses de petites rosettes de feuilles serrées les unes contre les autres. À l'épanouissement des corolles, d'un blanc jaunâtre, les fleurs peuvent masquer entièrement les petites feuilles entières et glanduleuses.
Ses milieux de vie localisés en haute altitude et sa présence dans le cœur du Parc national préservent grandement cette saxifrage. Elle reste toutefois menacée, malgré son statut d'espèce protégée, sur des sites très fréquentés comme le col de l'Iseran. Sa rareté en France justifie de maintenir une veille sur les stations connues et de poursuivre la recherche de nouvelles localités.

Androsace des Alpes
(Androsace alpina (L.) Lam.)
L'Androsace des Alpes est une espèce endémique de la chaîne alpine. Sur la partie française du massif, elle est connue de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes. Déjà indiquée en Vanoise au XVIIIe siècle, les prospections réalisées par les agents du Parc ont permis de confirmer sa présence régulière dans les biotopes qui lui sont favorables.
Elle se rencontre exclusivement dans les parties siliceuses du massif sur les éboulis fins, les moraines et parfois aussi les arêtes rocheuses. Elle est régulièrement observée au-dessus de 3000 m d'altitude et atteint même 3550 m à Bessans.
Cette androsace croît en petits coussinets ; cette forme est une adaptation morphologique partagée par de nombreuses plantes de montagnes pour résister aux conditions extrêmes des hautes altitudes. L'été, les coussinets de l'Androsace des Alpes se parent de petites fleurs roses... blanches ou pourpres ! L'observation sous la loupe des feuilles longues seulement de quelques millimètres montre d'abondants poils ramifiés caractéristiques de cette espèce.
La Vanoise détient une responsabilité toute particulière pour la préservation de cette espèce protégée. En effet, plus de la moitié des populations des Alpes françaises sont actuellement répertoriées sur le massif. En dehors des espaces protégés (cœur du Parc, Réserves naturelles) l'aménagement de la montagne est susceptible de détruire d'importantes populations.

Bruyère des neiges
(Erica carnea L.)
L'aire de distribution de cette Bruyère des neiges s'étend sur les montagnes du sud du continent européen. Elle atteint en France sa limite occidentale et n'est connue que de trois départements : Alpes-Maritmes, Savoie et Haute-Savoie. Dans notre département, elle est très localisée sur deux secteurs : l'un en Tarentaise, sur une petite zone au nord de la Dent du Villard ; l'autre en Maurienne sur un espace plus étendu compris entre Modane et Lanslebourg.
La forêt de pins (Pin à crochets ou Pin sylvestre), pas trop dense, est le principal milieu de vie de cette bruyère liée aux terrains calcaires. Les populations de Vanoise s'échelonnent entre 900 et 2500 m d'altitude.
La bruyère des neiges est la seule représentante du genre Erica en Savoie. Les petites fleurs d'un rose vif, groupées au sommet des rameaux s'épanouissent dès la fonte des neige... de février à juin selon l'altitude et l'exposition. Mais ce petit arbrisseau est reconnaissable toute l'année par ses feuilles en forme de petites aiguilles regroupées par quatre autour de la tige.
Cette espèce protégée subit régulièrement des destructions par des ouvertures de pistes forestières, de sentiers, de carrières, de prairies agricoles. Des suivis sont mis en place pour mieux connaître le devenir de ces populations impactées et des mesures compensatoires mises en œuvre. Les connaissances acquises sur la Bruyère des neiges en Vanoise contribuent à une meilleure prise en compte de sa présence.

Gentiane à calice renflé
(Gentiana utriculosa L.)
La Gentiane à calice renflé est recensée dans les principaux massifs montagneux d'Europe centrale et du sud-est. En Savoie, elle atteint la limite occidentale de son aire de distribution. Considérée comme disparue d'Alsace, toutes les populations françaises actuellement connues sont localisées dans le massif de la Vanoise. Elle était répertoriée sur seulement six communes du Parc dans les années 1970 ; depuis, elle a été observée, toujours ponctuellement, par les agents du Parc sur dix-sept communes du massif.
Elle pousse sur des terrains calcaires, sur des pelouses assez sèches, rocailleuses, avec des petites plages de terre nue et préférentiellement en exposition sud aux étages subalpin et alpin.
Cette petite gentiane est une plante annuelle. Sa tige ramifiée mesure de 5 à 25 cm de hauteur et porte des fleurs bleu vif ; le principal caractère distinctif concerne le calice, nettement renflé avec des ailettes larges.
Si les populations de Gentiana utriculosa ne semblent pas en péril en Vanoise, la responsabilité du Parc est maximale pour la conservation de cette espèce en France et justifie une veille régulière sur l'ensemble des stations. Dans le cadre des mesures agro-environnementales, des mises en défens pluriannuelles sont proposées aux éleveurs pour tenter de sauvegarder les populations sises dans des alpages pâturés.

Laîche bicolore
(Carex bicolor All.)
La Laîche bicolore est une relicte glaciaire. Son aire de distribution actuelle s'étend sur les régions arctiques et dans les hautes montagnes d'Europe et d'Asie. En France, elle subsiste dans les Pyrénées centrales et les six départements alpins. L'essentiel des populations savoyardes se concentre sur le massif de la Vanoise. Déjà connue d'une dizaine de localités au XIX° siècle, les inventaires réalisés par les agents du Parc ont permis de recenser cette plante protégée sur plusieurs centaines de sites.
Elle pousse dans les alluvions fines des torrents d'altitude, les bords des sources, lacs et marais alimentés par des eaux froides et alcalines.
Parmi les nombreuses espèces de laîches, la Laîche bicolore se distingue par son port prostré, la couleur vert glauque des feuilles et des tiges et surtout par ses épis bigarrés, long de 5 à 15 mm, de couleur "pistache et chocolat" ; ils sont formés d'utricules verts dépassant nettement les écailles brunes.
Carex bicolor et les plantes qui poussent en sa compagnie dans les zones humides d'altitude forme une communauté végétale nommée Caricion bicolori-atrofuscae. Ce groupement végétal est parmi les plus rares et menacés d'Europe. Sa conservation est une priorité à l'échelle européenne dans le cadre du réseau Natura 2000.

Linnée boréale
(Linnaea borealis L.)
La Linnée boréale est largement distribuée dans les régions tempérées et froides de l'hémisphère nord. Elle est considérée comme disparue de Haute-Savoie suite à des coupes forestières "à blanc" pratiquées sur les quatre localités historiques. De fait, toutes les populations actuellement connues en France sont localisées en Vanoise. Elle a été découverte à Champagny-en-Vanoise au tout début du XX° siècle où elle est toujours présente, ainsi que sur trois autres communes du Parc (Les Allues, Pralognan-la-Vanoise et Tignes).
Elle pousse de l'étage montagnard à la base de l'étage alpin d'une part dans les sous-bois moussus et frais, en exposition nord, des forêts en libre évolution d'épicéas et de de pins cembro et d'autre part dans les landes à éricacées.
Fleurie, elle se reconnaît aisément par ses petites clochettes rose pâle suspendues à l'extrémité d'un rameau dressé de 5 à 15 cm de hauteur. Les tiges ligneuses, rampantes, portent des petites feuilles opposées, rondes et crénelées.
La préservation des populations de cette espèce protégée constitue un enjeu majeur pour la conservation de la biodiversité en France. En complément de la surveillance et du suivi des stations effectués par les gardes-moniteurs, le Parc soutien une étude scientifique menée par le Muséum National d'Histoire Naturelle pour mieux connaître l'état de conservation des populations, la variabilité génétique, la dynamique de la reproduction, etc.






